Le château du Landskron

Le Landskron occupe le sommet d’une montagne qui portait à l’origine, à l’extrémité ouest, le château de Rheineck. Il est situé à la frontière actuelle entre la France et la Suisse. En 1297, la famille bâloise des Vitztum fait oblation – c’est-à-dire qu’ils cèdent leur bien à un seigneur plus puissant qui le leur retourne sous forme de fief au comte Thibaut de Ferrette – afin de s’en faire un puissant allié – du terrain sur lequel ils envisagent ou sont déjà entrain de construire le Landskron, dominant le Rheineck. Mais, deux ans plus tard, le fief passe aux Munch, également originaires de Bâle, qui se font rapidement appelé Munch de Landskron. Le 13 octobre 1356, un séisme d’une magnitude de 6,7 à 6,9 détruit, entre autre,les deux châteaux de Landskron (cet événement, connu sous le nom de Tremblement de terre de Bâle, reste une référence encore évoquée lors de la catastrophe japonaise de Fukushima en mars 2011). =Il semble bien que seul le château actuel de Landskron ait été reconstruit.

En 1461, les Reich de Reichenstein deviennent copossesseurs du château. C’est cette famille qui modernise le Landskron, à partir de 1515, en l’adaptant à l’usage de l’artillerie. A cette occasion, les ruines du Rheineck sont utilisées comme carrière de pierres. Au cours de la Guerre de Trente ans (1618-1648), la place est occupée par les Autrichiens, par les Suédois, puis les Français (1639). Lorsque cette région devient française après le traité de Westhalie en 1648, ses défenses sont modernisées par Vauban en l’intégrant dans quatre redoutes (ouvrage de fortification, complètement fermé ) aménagées sur l’ensemble du sommet. Landskron devient une prison royale, puis d’Etat, ce qui lui valut le surnom de Bastille alsacienne. Lors des guerres d’Empire, il est bombardé en décembre 1813, puis il est pris et démantelé en juin 1814 par les Autrichiens. Le donjon est encore utilisé comme poste d’observation par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le château a été racheté en 1984 par l’Association franco-suisse Pro Landskron qui a entrepris de nombreux travaux de consolidation et de sécurisation et en assure l’animation.

Plus d’info : www.prolandskron.ch

Evocation du Landskron vers 1643. Dessin N. Mengus

Reconstitution par C. Carmona

Plan de J. Tischhauser – Pro Landskron

1. Ancien fossé qui était enjambé, au XVIIIe siècle, par deux ponts donnant accès à une porte charretière et à une porte piétonne. L’actuelle porte est une reconstruction du XXe siècle.
2. Rampe et salle voûtée (XVIe siècle).
3. Bastions trapézoïdaux érigés par Vauban vers 1690. Ils englobent chacun une tour semi-circulaire du XVIe siècle.
4. Hangar d’artillerie (au XVIIIe siècle).
5. Ecurie du commandant (au XVIIIe siècle). La porte donnant dans le vide remonte aux travaux de Vauban. Elle permettait d’accéder aux ouvrages extérieurs, sans doute au moyen d’une passerelle en bois qui enjambait le fossé.
6. Porte vers la première cour. Elle millésimée 1516. Une pierre, au-dessus de la porte, portait un écusson avec un aigle impérial. Le passage pouvait être condamné par une herse.
7. Tour d’artillerie circulaire (vers 1515). En 1764, c’est une poudrière avec voûte en briques et plate-forme d’artillerie à créneaux.
8. Première cour ou cour extérieure. Elle correspond à l’agrandissement des environs de 1515 et abritait des écuries.
9. Logement du commandant et des officiers (au XVIIIe siècle).
10. Tour d’artillerie circulaire (vers 1515) avec souterrain voûté, une chambre affectée au commandant au rez-de-chaussée et, au-dessus, les logements de l’ingénieur et de l’entrepreneur des fortifications (au XVIIIe siècle).
11. Logements des officiers de l’artillerie (au XVIIIe siècle).
12. Corps de garde (au XVIIIe siècle).
13. Chapelle Saint-Antoine érigée par Vauban.
14. Remise du commandant (au XVIIIe siècle).
15. Tour (XVIe siècle) avec accès vers la seconde cour. D’un diamètre de 18 mètres, l’épaisseur de ses murs atteint les 6 mètres. Aux étages supérieurs se trouvent le moulin, les logements de l’aumônier et des officiers (au XVIIIe siècle).
16. Cour intérieure du haut-château aménagée au XVIe siècle.
17. Magasin de l’entrepreneur des fortifications et boucherie (au XVIIIe siècle).
18. Puits. Il a été creusé entre 1530 environ et 1540. Sa profondeur varie, selon les sources, de 60 à 175 mètres. Le puits étant presque comblé aujourd’hui, ces mesures sont invérifiables. Une maisonnette, élevée au-dessus, en assurait la protection.
19. Citerne-réservoir. Sa profondeur actuelle est de 10 mètres. Elle était reliée au puits et à un citerneau (structure en fer-à-cheval, aménagée au pied de l’angle nord-est du donjon, qui servait pour l’épuration de l’eau qui était recueillie dans la citerne) par des canaux souterrains.
20. Grand bastion (XVIe siècle). Au XVIIIe siècle, il comprend trois souterrains voûtés au rez-de-chaussée, une salle d’armes, un magasin de mèches et une chambre pour les morts au premier étage, des chambres d’officiers et de soldats, ainsi qu’une prison au deuxième étage, des chambres de soldats au troisième étage. L’actuelle façade, avec ses fenêtres ouvertes vers le sud, date en fait du XIXe siècle.
21. Palais érigé vers 1515. Au XVIIIe siècle, il abrite une cuisine, un hôpital et le logement du chirurgien. Le rez-de-chaussée est accessible de plain-pied, alors que l’accès au premier étage se faisait par une tourelle d’escalier extérieure. Un escalier dans le mur nord-ouest mène au deuxième étage. De ce niveau et du troisième étage, des passages permettaient d’accéder au donjon d’habitation.
22. Donjon d’habitation (fin XIIIe siècle) de plan presque carré (16 x 12 mètres) aux angles arrondis. On y accédait par une porte aménagée côté est (encore utilisée aujourd’hui) qui a été remaniée, probablement vers 1515. Ses murs intérieurs ont été renforcés au XVIe siècle, atteignant jusqu’à 7 mètres d’épaisseur. Aux deux niveaux inférieurs, il comprend deux grandes pièces voûtées. Depuis la seconde salle, un escalier aménagé dans une tourelle ronde en saillie permet d’accéder à une plate-forme d’artillerie (du XVIe siècle) autrefois crénelée. Il était à l’origine précédé d’un fossé qui a été élargi au XVIe siècle pour permettre l’aménagement de la cour intérieure du haut-château.
23. Prison d’Etat (au XVIIIe siècle).

Crédits : Texte : N. Mengus. – Illustrations : N. Mengus (reconstitution) – J. Tischhauser – Pro Landskron (plan)

La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite