Les trois célèbres châteaux qui dominent la cité médiévale de Ribeauvillé – Saint-Ulrich, Girsberg-Stein et Haut-Ribeaupierre – sont déjà mentionnés dans un dicton vieux de plus de trois siècles : « Trois châteaux sur une montagne (Ribeauvillé) / Trois églises dans un enclos (Riquewihr) / Trois villes dans une vallée (Ammerschwihr, Kaysersberg, Kientzheim) / C’est là toute l’Alsace ». Le Haut-Ribeaupierre occupe le sommet de la montagne qui porte les «trois châteaux de Ribeauvillé», à 653 mètres d’altitude. Un château est mentionné pour la première fois en 1038 ; il est la possession de Reginbald de Ribeaupierre, personnage déjà cité dans les textes avant 1022. Mais cette mention pourrait désigner la grande enceinte (Xe-XIe siècle) qu’occupe partiellement Haut-Ribeaupierre et dont des vestiges sont visibles au nord du château.
C’est dans la première moitié du XIIIe siècle que les nobles de Ribeaupierre, une des plus puissantes familles de la noblesse alsacienne, réoccupent le sommet de la montagne en érigeant le Haut-Ribeaupierre qui est appelé Altenkastel en 1254, peut-être en référence à l’enceinte primitive (Altenkastel signifierait, selon les auteurs, « Vieux Château » ou, pour le distinguer du Saint-Ulrich voisin, «Château du haut»). En 1287, Rodolphe de Habsbourg est en guerre contre Anselme de Ribeaupierre et assiège le château. Mais il n’ose pas donner l’assaut et lève le siège au bout de trois jours. Au XIVe siècle, Bruno de Ribeaupierre défraie la chronique en y retenant prisonnier John Harleston, un chevalier anglais, et des juifs accusés d’avoir empoisonné des puits. Le château sert aussi de prison pour des sorcières de Bergheim ou pour Philippe de Croÿ, un compagnon de Charles le Téméraire capturé à la bataille de Nancy en 1444. A la fin du XVe siècle, c’est Sébastien de Ribeaupierre, accusé de dilapider la fortune familiale qui y est enfermé. Au XVIe siècle, le donjon est utilisé comme de tour de guet en cas d’incendie ou d’approche de troupes ennemies. Au début du XVIIe siècle, le château sert de prison aux voleurs et aux braconniers des environs. Il n’est plus habitable en 1650, le centre du pouvoir se trouvant, depuis bien longtemps, dans la ville de Ribeauvillé.
Plan J. Koch (d’après Cabinet Zurbach)
1. Fossé sud. Une rampe maçonnée (aménagement de la première moitié du XVe siècle) permettait d’accéder à la barbacane d’entrée, ouvrage placé à l’avant d’une porte pour en faciliter la défense
2. Système d’entrée du château. Il se compose de trois éléments correspondant à des transformations successives. On remarque d’abord un portail à double pont-levis pour portes charretière et piétonne (début XVIe siècle). Cette barbacane présente une canonnière sur son flanc ouest. Elle a été construite à l’avant d’une première barbacane qui date de la première moitié du XVe siècle. A l’origine, celle-ci était également pourvue de deux passages avec pont-levis, mais elle a été remaniée au début du XVIe siècle lors de la construction de la seconde barbacane. Le portail du XVe siècle a été aménagé à l’avant de la porte de la fin du XIIIe siècle ; cette dernière est flanquée d’une tourelle d’escalier de plan carré (début du XVIe siècle) qui desservait sans doute la partie haute du château.
3. Tour bastionnée, c’est-à-dire adaptée à l’usage de pièces d’artillerie (XVe ?-XVIe siècle).
4. Citerne-réservoir voûtée (XIIIe s.). Elle se trouvait à l’origine dans une construction qui n’est que partiellement conservée. L’orifice de puisage est actuellement obturé ; l’accès se fait par un des compartiments de la voûte qui a été détruit au XIXe siècle. A l’inverse de l’ensemble de la structure construite en grès, le puisard central est en granite et correspond à une transformation postérieure de la citerne-réservoir en citerne à filtration.
5. Emplacement d’un logis (avant 1251).
6. Basse-cour (fin du XIIIe siècle). Une poterne est visible à l’angle nord-est.
7. Mur d’enceinte nord encore partiellement crénelé (fin du XIIIe siècle). Une partie a été surélevée pour former un bouclier destiné à protéger le grand logis construit dans la basse-cour et qui s’appuyait contre l’enceinte ouest.
8. Donjon circulaire en pierres à bossage (avant 1251). Il présente un diamètre de 10,70 mètres. Son crénelage en briques date de la fin du Moyen Age.
9. Fossé nord à l’avant duquel se voient les vestiges de l’enceinte primitive du Xe-XIe siècle.
Crédits : N. Mengus (textes), J. Koch (plan d’après Cabinet Zurbach et restitution du système d’entrée)
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite