Petit château résidentiel construit vers 1260 avec corps de logis à trois niveaux, percé de meurtrières à niche et de grandes baies à fenêtres multiples. Donjon pentagonal inachevé.
Le Birkenfels est propriété du syndicat forestier Obernai-Bernardswiller et est situé sur le ban communal d’Ottrott.
Le château occupe une petite éminence gréseuse au flanc nord du Kienberg, à 675 mètres d’altitude. Il est construit en toute illégalité, peu avant 1262, par Albrecht Beger, ministériel (chevalier-serf/chevalier non noble) de l’évêché de Strasbourg, sur un terrain appartenant à la ville d’Obernai. En 1289, le roi Rodolphe de Habsbourg doit intervenir pour régulariser la situation : le «Bergfels» est remis en fief à Bourcard Beger avec l’accord d’Obernai. On ne sait plus rien sur le château jusqu’en 1434 : c’est alors un fief d’empire et il est dit en ruine – «die zarge Birkenveltz», «la ruine Birkenfels» – sans que l’on puisse définir depuis quelle date. En 1441, les Beger concluent une paix castrale (règlement de copropriété) pour deux de leurs châteaux : Geispolsheim et Schwarzenberg. Il n’y est pas question de Birkenfels, ce qui permet de supposer qu’il est toujours en ruine. Un châtelain y estcependant mentionné en 1465. Birkenfels est à nouveau décrit comme ruiné en 1521 et il ne semble pas avoir été rebâti par la suite. Les fouilles archéologiques n’ont effectivement pas trouvé de traces d’occupation après la seconde moitié du XVIe siècle.
Birkenfels est très certainement le seul château fort alsacien dont la construction du donjon n’a pas été achevée. C’est aussi un château qui privilégie l’aspect résidentiel et non l’aspect militaire.
Evocation du Birkenfels au XVe siècle. Dessin N. Mengus
Plan par Th. Biller
1. Fossé aujourd’hui comblé au niveau de la porte d’entrée du château. Celle-ci était probablement précédée par un pont dormant.
2. Basse-cour. Un bâtiment pouvait s’appuyer à l’enceinte au niveau de la fente d’éclairage visible près de l’entrée. Un chemin de ronde couronnait le mur de la basse-cour. Elle daterait de la seconde moitié du XVe siècle, voire du début du XVIe siècle.
3. Terrasse. Anciens jardins ?
4. Système d’accès au logis seigneurial. Une rampe, longeant le logis, menait à une porte suivie d’une fosse. Celle-ci était enjambée par un pont volant permettant d’accéder à une petite tour plaquée contre le logis et protégeant la porte d’entrée. Cette tourelle est datée du XVe siècle.
5. Logis seigneurial (16 m de longueur, 9m de largeur côté sud, 6,50m côté nord). Le rez-de-chaussée est dévolu à la défense comme le montrent la dizaine d’archères à niches. Les deux étages sont résidentiels ; ils sont éclairés par de larges baies à petites fenêtres multiples (orientées à l’est pour avoir un maximum de lumière) et sont équipés de latrines et de cheminées (côté ouest). La présence d’un évier posé dans une des niches d’une fenêtre – mais non en place – reste inexpliquée. Le chemin de ronde était crénelé à l’origine. Enfin, on notera, sur les façades intérieures, les blocs éclatés sous l’effet de la chaleur d’un incendie et les tentatives de restauration : notamment recrépissage et mise en place de nouvelles consoles en pierre.
6. Donjon pentagonal en pierres à bosse ; l’utilité militaire de ce type de pierres – faire ricocher les boulets – est souvent évoquée, mais le côté esthétique semble l’emporter : un aspect plus résistant à la maçonnerie. La largeur des murs du donjon atteint les 3 mètres. Il est équipé de latrines dans l’épaisseur du côté sud-ouest. Seul son rez-de-chaussée a été achevé. En effet, des pierres, qui étaient destinées à sa construction, sont encore en attente en contrebas du château, dans la partie sud-est du fossé. Le fait qu’elles soient dépourvues de trous pour pinces de levage indique qu’elles n’ont jamais été utilisées.
7. Rocher portant des encoches de débitage creusées par les tailleurs de pierre. L’exploitation des pierres provenant du creusement du fossé ne pouvait suffire à la construction d’un château. On connaît plusieurs carrières en relation avec des châteaux forts de montagne.
Crédits : N. Mengus (textes) – N. Mengus d’après ASAM 1977 (reconstitution) – Th. Biller-B. Metz 1995 ( plan).
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite