Le nom des Fleckenstein apparaît au XIIème siècle. Les Seigneurs du même nom sont alors très probablement des ministériels – donc au service – des Hohenstaufen, empereurs du Saint Empire devenant plus tard le Saint Empire Romain Germanique.
Après l’Interrègne (1250 – 1273) les Fleckenstein deviennent progressivement la famille seigneuriale la plus riche de Basse-Alsace. Des trois branches de la famille initiale il ne subsiste au début du XIVème siècle que deux. Jusqu’à leur extinction, elles s’attachent à administrer et à transformer ensemble le château fort, divisé en «maison arrière» et « maison avant ».
Les paix castrales – sortes de règlements de co-propriété – signées en 1408, 1542, 1547 et 1551, nous livrent des informations précieuses sur la vie et l’évolution du château. Par ailleurs, une copie d’une tapisserie datée de 1562 constitue une photographie très fidèle de l’édifice castral à la fin du Moyen-Âge. Le château fort a été très probablement détruit en 1689 par les troupes de Louis XIV. Le dernier Baron de Fleckenstein est décédé sans successeur mâle en 1720. Ses possessions sont partagées entre la famille Rohan à laquelle le Baron avait abandonné des droits, et les trois filles, de même que la petite fille de Henri-Jacques de Fleckenstein.
A partir de cette date le site est délaissé jusque vers les années 1890 où le «Kreisdirektor» de Wissembourg, représentant de l’administration du Reichsland Elsass-Lothringen, y fait entreprendre – à ses frais – des travaux de consolidation et de sécurité. Il le fait classer monument historique en 1898, classement confirmé par l’administration française en 1933. En 1958 des travaux de déblaiement permettent une visite complète des ruines alors gérées par le Syndicat d’Initiative de Lembach et environs. Entre 1960 et 1990 des travaux de consolidation sont réalisés ponctuellement.
A partir de 1998 le château fort fait l’objet de travaux plus importants (reconstruction de l’escalier de la tour carrée, nouveaux garde-corps, consolidation du mur Sud et mise hors eau des deux tours). En 2011 la grande brèche du mur d’enceinte nord-ouest est fermée, la partie sommitale du mur est sécurisée (ces travaux se termineront à l’automne 2012).
Le château fort est propriété de la commune de Lembach depuis 1998. Il est géré en même temps que l’ensemble du site par la Régie intercommunale du Fleckenstein.
Comme la plupart des châteaux forts du Nord de l’Alsace, le Fleckenstein est à l’origine un énorme rocher dans lequel sont creusés salles et escaliers permettant d’accéder à son sommet. Contre et sur ce rocher long de 90m, haut de 30m et large de 8 m en partie sommitale, on a construit des murs, des bâtiments, des tours.
L’entrée
Une trentaine de mètres avant l’entrée dans le château, la base de deux tours quasi circulaires retient l’attention du visiteur. Edifiées à la fin du XVIème siècle, ces deux tours constituent la dernière réalisation architecturale des Fleckenstein. C’est le premier maillon d’un système défensif ultraperformant.
La barbacane d’entrée est bien conservée. Elle est composée de deux porches construits à une vingtaine d’années d’intervalle (dates : 1428 et 1407 au-dessus des deux portes), d’un passage d’entrée et d’une porterie permettant de défendre efficacement les lieux (meurtrières sur la gauche). La barbacane était surmontée d’un bâtiment de plusieurs étages appelé maison d’hôtes. L’ensemble s’appelait aussi tour-porte.
La basse-cour
Le mur d’enceinte date du début du XVème siècle (restaurations vers 1970). La vue donne sur le rocher, les vestiges du palais (partie la plus haute), les deux tours du puits et de l’escalier. La porte à mi-hauteur du rocher est la porte d’entrée du château primitif. Elle donne dans une salle taillée dans le rocher. De là, un escalier en bois débouche sur un escalier en pierre qui mène à une porte située à gauche de la tour du puits.
Dans les rigoles visibles dans le rocher se trouvaient des canalisations en bois permettant de récupérer l’eau de pluie, conduite ainsi dans un abreuvoir situé sur la gauche du chemin. Dans cette basse-cour se dressaient notamment le poulailler (à gauche de l’abreuvoir – voir traces d’ancrage de poutres au sol) et, à droite du chemin, adossés au mur d’enceinte, les écuries, la forge et d’autres communs.
Les tours
La tour du puits, construite en deux étapes (partie basse du XIIIème siècle), abrite et protège le puits de même que les escaliers d’accès à la plate-forme sommitale. La tour carrée – tour d’escalier en colimaçon – date du XVIème siècle. L’escalier qui avait été détruit lors du démantèlement du château a été reconstruit en béton en 1999.
A l’extrémité Ouest de la basse-cour se dresse le «petit rocher», tour de garde surmontée en son temps d’un bâtiment à colombage et dont la plate-forme est accessible par un bel escalier taillé dans le rocher. Près de la roue à écureuil restituée et dont les dimensions correspondent à la roue du puits, se trouve une citerne à filtration. Non loin de là se dressait la porcherie.
La partie moyenne
Un premier pont-levis (une partie fixe, une autre amovible) couvrait la douve. Un deuxième ouvrage permet l’accès au châtelet en face duquel s’ouvre la porte du puits (profondeur non prouvée de 70m, petite salle à gauche abritant la roue à écureuil servant de monte-charge). Après quelques marches s’ouvre sur la droite une salle troglodytique (maquettes du château fort, copie en agrandissement de l’aquarelle de 1562).
Les deux petites ouvertures en face de l’entrée donnent sur le mur sud. En ressortant – sur la droite – on atteint l’espace où se trouvait la chapelle castrale.
La partie haute
L’accès à la plate-forme sommitale se fait soit par l’escalier primitif troglodytique, soit par un escalier construit plus tardivement entre le rocher et l’arrière des deux tours. Juste en-dessous de la plate-forme se trouvent une série de salles dont l’une est aujourd’hui à ciel ouvert. C’est ici qu’étaient stockés notamment le pain et le lait.
A l’extrémité Ouest du rocher on découvre la prison. En partie centrale on peut deviner la base d’un ancien donjon (carré de 4m de côté) ainsi qu’une citerne à filtration. Au-delà de la passerelle (voir à gauche le sommet de la tour du puits et à droite au bout du petit escalier la salle d’archives dont l’entrée est marquée de deux écussons des Fleckenstein) on débouche sur une citerne à filtration et la cuisine. Les vestiges du palais sur la gauche montrent que le rocher était surplombé de deux, voire trois étages. Ces bâtiments, partiellement en maçonnerie, partiellement en bois, étaient couverts d’un toit à deux pans à tuile plate (queue de castor).
La vue
- Nord : ruines du Hohenbourg droit devant et le Loewenstein au milieu
- Est : massif forestier du Thalenberg (ancienne forêt seigneuriale), Gimbelhof (ferme-auberge, aire de jeux médiévale)
- Sud : étang et camping du Fleckenstein
- Ouest : collines du Wasgau et vallée du Steinbach
- Nord-Ouest : Hirtzfelsen, village de Schönau (Palatinat, Allemagne)
Pour aller plus loin :
Thomas Biller, Bernhard Metz, René Kill, et Charles Schlosser, «Le château de Fleckenstein» Warburg-Gesell_Schaft (2003)
62 p. – 50 photos couleurs (6,50€) – en vente au château du Fleckentsein et à l’office de tourisme de Wissenbourg.