D’après les pierres à bosse de sa tour d’habitation et les vestiges de sa chapelle romane, le château du Vieux-Windstein existe dès 1200, ce qui correspond avec la première mention, en 1201, d’une famille de Winstein, des ministériaux (chevaliers-serfs, chevaliers non nobles) d’Empire. Cependant, une charte de 1205 laisse entendre que le Vieux-Windstein a été construit bien plus tôt par Frédéric le Borgne, duc d’Alsace, soit 1147. En 1332, une coalition regroupant la ville de Haguenau, l’évêque de Strasbourg, Hanemann de Lichtenberg et le Landvogt (bailli provincial) impérial, assiège le château pour en déloger des chevaliers-brigands Des galeries de mines sont creusées par les assiégeants du côté ouest du site Elle permettra aux assaillants de se rendre maîtres du château. Creuser une telle galerie est assez rare sur ces châteaux construits sur la roche car cela nécessite des mineurs professionnels et représente un certain coût. Les défenseurs capitulent au bout de dix semaines. Le château est alors partiellement démantelé. Comme dans l’immense majorité des cas, surtout à partir du XIVe le nombre de copossesseurs augmente au fur et à mesure des successions, des engagements ou des ventes, obligeant les différents châtelains à conclure des Burgfrieden (paix castrales, règlements de copropriété). Parmi eux, les Linange qui, en 1435, pénètrent par trahison au Vieux-Windstein où s’étaient réfugiés deux de leurs vassaux rebelles. Au début du XVIe siècle, le duc de Lorraine s’empare du château pour délivrer des marchands lorrains qui y sont retenus prisonniers par des chevaliers-brigands (1515) puis à nouveau pour le reprendre aux paysans révoltés qui l’occupent au cours de la Guerre des Paysans (1525). Vieux-Windstein est alors incendié, mais on ignore s’il a encore été occupé par la suite. Toujours est-il qu’il est mentionné comme abandonné de longue date en 1664.
C’est en 1205 qu’est mentionné un second château de Windstein, construit lui aussi par les Winstein à proximité du Vieux-Windstein, vers le sud. Le Nouveau-Windstein est, lui aussi, une copropriété à partir du XIVe siècle. A la fin du Moyen Age, son logis situé dans la cour est modifié et ses défenses sont adaptées à l’usage de l’artillerie. Il sert de refuge aux populations des environs lors de la guerre de Trente ans. Par la suite, il est occupé de 1652 à 1654 par des soldats lorrains qui s’en servent pour piller la région devenue française suite au Traité de Westphalie. Cet épisode se situe pendant la première occupation française des duchés de Bar et de Lorraine (1633-1663). Il est détruit en tant que possession des Eckbrecht de Durckheim, car ces derniers avaient combattu la France pendant la guerre de Hollande (1672-1678).
Les quelques vestiges d’un troisième château, nommé par les archéologues Mittel-Windstein (ou Windstein médian), se trouvent à une centaine de mètres du Nouveau-Windstein sur la crête. Il a probablement été construit dans la deuxième moitié du XIIIe siècle. Comme il n’apparaît dans aucun texte, il est possible qu’il ait été abandonné très tôt.
Reconstitution par C.Carmona
Plan du Vieux-Windstein par Th. Biller.
1. Succession de ponts et de portes précédées de fossés. Cet aménagement a nécessité un considérable travail de débitage du rocher. Ce dispositif d’entrée mène à la porte d’entrée primitive du haut-château ; à l’origine, on y accédait depuis la basse-cour. Elle s’ouvre sur une sorte de vestibule qui donne sur une cave taillée dans le roc et dont une des parois s’ouvre sur un puits d’une profondeur de 45 mètres.
2. Rocher sud. Parmi les rares vestiges de maçonneries encore visibles, les principaux sont ceux d’une chapelle de l’époque romane, comparable à celle qui est toujours visible au Haut-Barr. Ici, on reconnait encore le seuil d’entrée et la base de l’autel. Un bâtiment occupait le sommet de la barre rocheuse qui était autrefois accessible par des passages aménagés dans l’épaisseur du rocher et dont la façade extérieure s’est écroulée.
3. Galerie de mine creusée au moment du siège de 1332.
4. Tentative de percement d’une contre-mine par les assiégés depuis l’entrée primitive de la basse-cour.
5. Rocher nord. Le sommet est toujours couronné d’un petit donjon pentagonal (XIIIe siècle) orienté vers le rocher sud. Diverses constructions s’étageaient sur plusieurs niveaux. Leur emplacement se reconnait par les traces, notamment des emplacements de poutres, laissées sur le rocher.
6. Avant-porte au pied d’un fossé taluté taillé dans le roc.
7. Emplacement de la porte de la basse-cour.
8. Tour d’habitation de plusieurs étages adossée au rocher. Son appareil en pierres à bosse laisse penser qu’elle pourrait dater des années 1200. Une chambre rocheuse, avec laquelle elle communique, conserve les vestiges d’un siège percé de latrines aménagées dans le rocher.
9. Vestiges d’un logis du XVe siècle.
10. Extrémité nord du rocher. Est-ce cette partie du site qui, au XVe siècle, était appelée Schmalenstein ?
Crédits: N. Mengus (texte), C. Carmona (reconstitution), Th. Biller (plan)
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite