La silhouette si particulière du château de Haut-Andlau, avec ses deux tours encadrant le logis seigneurial, se découpe sur le ciel alsacien depuis le XIIIe siècle. En effet, si la première mention du château d’Andlau (l’actuel Haut-Andlau) remonte à 1274, sa construction par Eberhard d’Andlau se place entre 1250 et 1264. A cette époque, les Andlau sont des ministériaux (chevaliers serfs) de l’abbaye d’Andlau surveillée par le château du Spesbourg construit, lui aussi au XIIIe siècle, par les nobles de Dicka, avoués (protecteurs) de cette abbaye. En 1438, les troupes de la ville d’Obernai s’en emparent nuitamment afin de capturer le châtelain (Burgmann). Thenie Lamprecht. Ce dernier, bourgeois d’Obernai, avait failli au serment qui lui interdisait de prendre du service ailleurs qu’auprès de la ville. Mais Thenie parvient à s’échapper et le château n’a pas été endommagé. Les sires d’Andlau ont porté plainte contre Obernai pour cette agression, mais le différend s’est arrangé à l’amiable.
Le château est modernisé au XVIe siècle en vue de l’adapter à l’usage des armes à feu et petites pièces d’artillerie. Pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), le château est occupé par les Suédois, puis par les troupes de la ville de Strasbourg (1633-1635). En 1673, une garnison strasbourgeoise de sept hommes s’y installe à nouveau, mais cette fois-ci à la demande des Andlau. En 1678, après le rattachement de l’Alsace à la France, Haut-Andlau est pillé par les troupes du maréchal de Créqui. Il est occupé par des gardes forestiers jusqu’en 1796. A cette date, il est vendu à un commerçant qui, à partir de 1806, vend le château « pour pièces » : boiseries, toitures, planchers, pierres… Ce n’est plus qu’une ruine que la famille d’Andlau retrouve en 1822 lorsqu’elle le réacquiert.
Au pied du château, la ville d’Andlau a été fortifiée avant 1442 (les remparts conservent encore quelques tours), englobant le château de Bas-Andlau construit entre 1334 et 1340 et dont il subsiste notamment le portail d’entrée.
Le château est classé Monument Historique en 1926. En 2000, s’est créé une association des amis du château d’Andlau. Elle a conduit de nombreux travaux de sauvegarde et anime le site. Plusieurs ouvrages ont été publiés récemment sur l’histoire du château et les actions menées récemment.
Plus d’informations : www.chateaudandlau.com
Reconstitution du château du Haut-Andlau
Plan du château du Haut-Andlau
1. Fossé.
2. Basse-cour de forme polygonale flanquée de deux tours d’angle. Une citerne existait au pied du rocher. Dans son aspect actuel, la basse-cour date essentiellement du XVIe siècle, même si le mur nord et la moitié nord de l’enceinte est datent du XIIIe siècle.
3. Entrée du château portant le millésime 1534. Elle était autrefois précédée d’une fosse qu’enjambait un pont-levis. On voit encore les traces d’usure produites par le frottement de la chaîne contre la pierre.
4. Tour d’angle pour armes à feu (XVIe siècle). Elle est dévolue à la défense de l’accès et de ses abords.
5. Tour d’angle pour armes à feu (XVIe siècle). Son niveau supérieur présente de petites ouvertures de tir carrées.
6. Dépendances (écuries, logement des domestiques, etc.) s’appuyant sur l’enceinte du XIIIe siècle. Autrefois, deux arcades portaient le millésime 1589.
7. Emplacement d’une porte autrefois flanquée de deux canonnières (XVIe siècle).
8. Corps de logis (XIIIe siècle). Deux archères à niche sont visibles au nord. Il existe aussi les vestiges d’un couloir qui menait à des latrines en encorbellement. Une autre archère a été transformée en fenêtre géminée en arc brisé, puis en petite ouverture carrée pouvant servir de bouche à feu. A gauche se trouvait une cheminée.
9-10. Emplacements de portes (XVIe siècle) entrecoupant le chemin d’accès au haut-château. Il aboutissait à une fosse maçonnée précédant une porte autrefois équipée d’un pont-levis (XVIe siècle).
11. Braies (fin XIIIe-XIVe siècle) entourant le logis et ses tours. Les murs sont percés de fentes de tir et de canonnières défendant l’entrée et le front d’attaque ouest.
12. Logis seigneurial (XIIIe siècle). Il épouse le plan d’un losange tronqué d’environ 37 mètres de longueur pour une largeur maximum de 9 mètres. Il comprenait un niveau de caves, deux niveaux d’habitation et des combles autour desquels courait un chemin de ronde crénelé. Les cinq fenêtres géminées à linteau trilobés de la façade est, associées à une large cheminée, correspondant sans doute à une salle d’apparat. Côté ouest, la grande cheminée marque peut-être l’emplacement de la cuisine. C’est aussi de ce côté que se trouvaient les latrines. Les armoiries des Andlau se voient encore sur un des corbeaux du logis et gravées dans la pierre en différents endroits de la façade intérieure est.
13. Porte d’entrée principale du logis. Une croix de protection est gravée sur chacun de ses montants. Elle donnait accès au niveau de caves dévolu à la défense comme le montre la présence d’archères à niche. Cette porte a été postérieurement surmontée d’une longue bretèche (avant-corps défensif plaqué en encorbellement sur un mur ) dont l’accès se faisait, depuis le logis, par une porte qu’une restauration maladroite a transformée en deux ouvertures rectangulaires.
14. Traces d’arrachement d’un mur transversal qui séparait en deux le niveau de caves.
15. Porte ouest donnant directement accès à l’étage. Elle était surmontée d’une petite bretèche en bois qui assurait sa défense.
16. Emplacement d’une porte.
17. Ancienne archère transformée en poterne.
18. Tour nord (XIIIe siècle). Une porte, située au niveau du second étage du logis, donnait accès à une citerne. Une seconde porte, accessible depuis les combles, desservait la partie haute de la tour qui était crénelée et, à l’origine, couronnée de hourds (galerie de bois en surplomb dévolue à la défense).
19. Tour sud (XIIIe siècle). Son accès est plus bas que celui de la tour nord. Au XVIIIe siècle, elle était encore pourvue de planchers. Ceux-ci étaient percés d’une ouverture en leur centre qui permettait de gagner les différents niveaux. Tout comme la tour nord, elle était crénelée et, à l’origine, couronnée de hourds.
Texte : N. Mengus. – Iconographie : Conseil Général du Bas-Rhin (plan et reconstitution).
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite