Si le château de Spesbourg est cité pour la première fois en 1310, il a sans doute été construit peu après 1246 et avant 1260 par Alexandre de Dicka, nommé avoué (protecteur) de l’abbaye d’Andlau par son frère Henri, évêque de Strasbourg. En 1361, Walter de Dicka est autorisé par l’empereur Charles IV à transmettre le château aux sires d’Andlau, auxquels il est apparenté au cas où il décèderait sans héritier. Après sa mort sur le champ de bataille de Sempach(canton de Lucerne, Suisse) en 1386, – bataille qui vit la victoire de la Confédération suisse face aux Habsbourg et leurs alliés, dont de nombreux nobles alsaciens -, Spesbourg passe donc aux Andlau. En 1432, le château est pris par Etienne de Bavière, au nom de son frère l’Electeur palatin (haute dignité équivalente à la charge d’achi-sénéchal d’Empire) mais on en ignore la raison. D’importants travaux de modernisation (logis, basse-cour) sont entrepris vers 1550 par les Andlau, puis le château est progressivement abandonné. Il apparaît inhabité en 1689.
Le château est classé Monument Historique en 1967. A l’initiative de l’association pour la restauration du château de Spesbourg créée en 1985 de nombreux travaux de sauvegarde sont entrepris.
Pour plus d’informations : info@chateau-spesbourg.fr
Plan N. Mengus d’après. Th. Biller et J.-M. Rudrauf
1. Fossé étagé sur deux niveaux. Son creusement est resté inachevé à son extrémité ouest. Il est dominé par le haut-château dont les logis sont protégés par un donjon et un mur-bouclier dont le chemin de ronde était crénelé et équipé d’une galerie de hourds (galerie en bois construite en surplomb). Curieusement, une cheminée du logis est a été aménagée dans son épaisseur, ainsi que deux archères, ce qui affaibli son rôle de bouclier face au bombardement d’un éventuel assaillant.
2. Chemin d’accès entrecoupé d’au moins trois portes dont il subsiste quelques vestiges (XVe-XVIe siècle).
3. Basse-cour (1246-1260). Des bâtiments (XVe-XVIe siècle) se trouvaient le long de l’enceinte est , ainsi qu’au pied de l’entrée du haut-château. Au nord, une poterne (1246-1260) donnait sur le fossé ; il n’est pas à exclure qu’il s’agisse de l’entrée primitive de la basse-cour.
4. Emplacement d’une tour quadrangulaire (XVe-XVIe siècle).
5. Emplacement du logis ouest (1246-1260) détruit lors des transformations du XVIe siècle. La démolition de ses murs intérieurs a permis de créer une petite cour à la place de l’étroite ruelle qui, à l’origine, séparait les corps de logis. Entre le logis ouest et le donjon se trouvait un espace permettant d’accéder à des latrines situées au rez-de-chaussée et à l’étage. Sur la façade sud du donjon, des trous d’ancrage de poutres correspondent au niveau du couloir de latrines situées à l’étage. Il s’agit de la trace d’une ancienne galerie de bois qui permettait d’accéder directement aux commodités depuis le logis est. Le logis ouest semble avoir surtout renfermé des pièces à usage utilitaire, dont une cuisine.
6. Bâtiment sud (à l’origine, il s’agit de l’angle sud-ouest du logis ouest). Ses murs intérieurs nord et est sont contemporains de la démolition du logis ouest au XVIe siècle. Sa façade commune avec le logis est comprend notamment une cheminée. Le fond de cette dernière était percé de deux ouvertures superposées qui permettaient d’alimenter et d’évacuer les fumées d’un poêle aménagé au revers et chauffant l’étage du logis est.
7. Logis est (1246-1260). C’est là que se concentre la partie résidentielle du château : nombreuses fenêtres géminées, grandes cheminées, poêle, etc. Au niveau du rez-de-chaussée, un arrachement s’observe au revers du mur-bouclier. Il s’agit du début de construction de la façade ouest du bâtiment. Les constructeurs, s’étant manifestement rendus compte que l’espace intérieur ne serait pas assez vaste, ont alors décalé cette façade vers l’ouest. Datant probablement des travaux des environs de 1550, on peut noter des traces de peintures murales dans les niches des fenêtres du premier étage.
8. Donjon quadrangulaire (1246-1260) occupant l’angle nord-ouest du haut-château. A l’origine, le donjon n’était pas prévu dans la construction, car, à son emplacement, sa valeur défensive est plus symbolique qu’efficace. En fait, l’étude des murailles extérieures montre que le mur-bouclier a été érigé en premier, puis les autres murs ont été élevés depuis le côté est jusqu’à l’angle nord-ouest où les façades du logis et du donjon s’appuient sur le mur-bouclier, condamnant même une petite porte (de latrines ?) aménagée dans le bouclier. Haut de presque 25 mètres, il comprenait une geôle équipée de latrines (1er niveau), un lieu de stockage (2e niveau), la porte d’entrée (3e niveau), l’accès au chemin de ronde (4e niveau) et le chemin de ronde lui-même, seul élément défensif de cette tour.
Texte : N. Mengus. – Iconographie : N. Mengus (plan d’après TH. Biller et J.-M. Rudrauf, dessins de reconstitutions)
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite