On ignore qui est le constructeur du château de La Petite-Pierre. En 1178 est cité un Walter de La Petite Pierre (ou Lützelstein), vassal du comte Hugues de Dabo. Il porte le nom du château qu’il tient peut-être en fief de Hugues de La Petite-Pierre, fils du comte Folmar de Blieskastel et Clémence de Metz , cité en 1172. Si le nom de La Petite Pierre est déjà porté au XIIe siècle, induisant l’existence du château, celui-ci n’est expressément mentionné dans les textes qu’à partir de 1212.Au XIIIe siècle, la forteresse s’est agrandie. A l’avant du château primitif (comprenant une tour d’habitation romane et un donjon pentagonal du XIIIe siècle) et de son fossé, une basse-cour abrite désormais une garnison (elle correspond à la partie ouest de la ville) ; ces deux parties du château sont respectivement nommées Hinterburg («château arrière») et Vorderburg («château avant») à partir de 1387. La ville, elle, n’est citée qu’en 1403 ; son enceinte a probablement été érigée vers 1400. Après les sièges de 1447, 1452 et 1522, la place voit ses défenses modernisées. En 1563, la seigneurie de La Petite Pierre passe au comte Georges Jean (dit JerriHans) de Veldenz. Fils de parents protestants, époux de la fille du roi Gustave de Suède, il introduit le culte réformé dans région. Prince bâtisseur, il fonde la ville de Phalsbourg et fait effectuer de nouveaux travaux visant à moderniser La Petite Pierre. A son décès, il laisse des dettes considérables. Au cours des guerres du XVIIe siècle, et en particulier la guerre de Trente Ans (1618-1648), Français, Impériaux et Suédois se disputent la forteresse. Elle passe définitivement à la France avec les traités de Westphalie et de Münster (1648). En 1681 Vauban est chargé d’en moderniser les défenses. La Petite-Pierre est un de ces rares châteaux forts a être transformé en forteresse moderne. Des travaux de restauration sont entrepris au XVIIIe siècle, mais leur qualité défensive est peu importante, contrairement à ceux effectués au XIXe siècle ; l’armée allemande y pénètre pourtant sans résistance en 1870.
Plan d’A. Beauquel (Agence des Bâtiments de France- Strasbourg).
Restitution de La Petite Pierre vers 1580 par Th. Biller.
Le château
1. Tour d’habitation (fin XIIe siècle). Construite en petit appareil de maçonnerie, elle renferme une citerne à filtration.
2. Logis ou palais (vers 1220-1230).
3. Logis (vers 1500). L’étroite cour a été sur-bâtie au cours du XVIe siècle. D’autres transformations ont eu lieu aux XVIIIe et XIXe siècles.
4. Bâtiment (1ère moitié du XIIIe siècle). Il lui est adjoint une tourelle d’escalier de style Renaissance et il est percé de nouvelles fenêtres du XVIIIe siècle pour le rendre plus lumineux.
5. Bâtiment percé de baies à fenêtres multiples (deuxième moitié du XIIIe siècle).
6. Magasin à poudre (XIXe siècle) occupant l’emplacement du donjon pentagonal du XIIIe siècle.
7. Petit rocher portant un ouvrage destiné à l’usage des armes à feu (XVe-XVIe siècle).
8. Fossé séparant le château et la ville. Le mur faisant face à la ville comprend encore de grands blocs appartenant au château primitif.
La ville
9. Tour, bastion d’artillerie semi-circulaire.
10. Tour semi-circulaire en pierres à bosse (XIIIe siècle). Appartenant à l’ancienne basse-cour, elle a ensuite été intégrée dans l’enceinte urbaine. Sa partie haute, en pierres lisses, date du XVIIe siècle.
11. Puits. Ce système d’alimentation unique en Alsace (XVIe siècle) : deux puits sont taillés dans le rocher et reliés par un passage souterrain. Le puits nord, alimentant la ville, ne fournissant pas assez d’eau, un second puits a été creusé. Un passage a été aménagé depuis l’extérieur du rocher afin de pouvoir évacuer les déchets de taille ; celui-ci est protégé par un ouvrage extérieur. Quant aux deux galeries, creusées de part et d’autre du passage, elles permettaient de recueillir plus d’eau d’infiltration.
12. Lunette (ouvrage avancé non intégré dans un front bastionné) du XVIIe siècle construit en avant de la ville fortifiée.
Crédits : N. Mengus (textes) – Th. Biller (restitution et plan vers 1580) – A. Beauquel (Agence des Bâtiments de France- Strasbourg).