En 1261, les troupes de l’évêché de Strasbourg déferlent dans le Val de Villé, possession du comte Rodolphe de Habsbourg qui soutient les prétentions de la ville de Strasbourg contre l’évêque. L’Ortenberg (également dénommé Ortenbourg au XXe siècle) est alors en cours de construction. Les travaux sont manifestement achevés en 1265, puisque le comte de Habsbourg scelle une charte. En 1293, le château, dominant l’entrée du val de Villé (voie d’accès à la Lorraine) et la plaine alsacienne, est assiégé par le Landvogt (bailli provincial) Otto d’Ochsenstein pour une raison inconnue, peut-être pour le compte du roi Adolphe de Nassau dans le conflit l’opposant à Albert d’Autriche, fils du défunt Rodolphe. C’est à cette époque que le Ramstein est construit. Il aurait été bâti pour servir de château de siège, avant d’être probablement récupéré par les Habsbourg, possesseurs du terrain.
En 1314, les Habsbourg engagent (cèdent moyennant une certaine somme, avec la faculté d’y entrer en possession en remboursant le prix versé) l’Ortenberg aux Mullenheim. Comme c’est généralement le cas, le nombre d’ayant-droits augmente à un point tel qu’on y compte 46 copropriétaires vers 1460. Et comme souvent, il devient un repaire de chevaliers brigands. En 1469, totalement à court d’argent, le grand-duc Sigismond d’Autriche engage notamment à Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, les possessions autrichiennes du Sundgau, du comté de Ferrette et du landgraviat de Haute Alsace. L’année, deux châtelains de l’Ortenberg y enferment des sujets bourguignons. Le bailli Pierre de Hagenbach – dont une des premières missions est de pacifier la région au nom du duc de Bourgogne – s’empare du château, sans qu’il lui soit opposé de résistance, et y installe des soldats bourguignons. Après l’exécution du bailli en 1474, l’évêque et la ville de Strasbourg rendent l’Ortenberg à ses copossesseurs ; la mort de Charles le Téméraire à Nancy en 1477 met un point final aux prétentions bourguignonnes sur l’Alsace. En 1514, l’artiste peintre Hans Baldung Grien représente l’Ortenberg en partie délabré et le Ramstein encore habitable. Malgré son état au début du XVIe siècle, l’Ortenberg est encore occupé au début du XVIIe siècle. Les Suédois incendient les deux châteaux en 1633, lors de la Guerre de Trente Ans (1618-1648).
De 2002 à 2007, le château du Ramstein a bénéficié de travaux d’entretien organisés par la commune de Scherwiller. Afin de pérenniser ces actions, une association pour la mise en valeur du Ramstein s’est créée en 2009. Elle mène des travaux de consolidations toute au long de l’année.
Renseignements : fredualc@hotmail.fr
Reconstitution de Ortenberg par Th. Biller d’après B. Ebhardt.
Plan Ortenberg
Plan Ortenberg par Th. Biller d’après B. Ebhardt.
1. Profond fossé en arc de cercle.
2-4. Basse-cour. Sa porte d’entrée ogivale est surmontée d’une archère cruciforme (2). Une poterne était aménagée au pied du donjon et de sa chemise (haut mur construit à l’avant du donjon) (3) et un deuxième accès se trouvait au sud-est de la basse-cour (4).
5. Avant-corps, protégeant l’entrée du logis seigneurial, auquel on accédait par une longue rampe en escalier longeant la base du haut-château (première moitié du XVe siècle).
6-9. Logis seigneurial (XIIIe siècle) placé en enfilade du donjon. Il en est séparé par un mur transversal et un espace occupé par une citerne creusée dans le rocher (6). La porte d’entrée se trouve à l’est (7). Le niveau inférieur du logis était subdivisé par des murs maçonnés, alors que ce sont des cloisons en bois qui séparaient les pièces à l’étage. A l’est se trouvait probablement une salle d’apparat marquée par la présence de cinq fenêtres géminées (fenêtres groupées par deux sans être directement en contact) surmontées d’un oculus (petite baie ronde) et dont la niche intérieure est à banquettes (8). L’association d’un évier – parfois confondu avec un urinoir – et une cheminée indique la présence d’une cuisine (9). Au sommet du mur d’enceinte, se reconnaît le chemin de ronde dont le crénelage a été muré ultérieurement.
10. Donjon pentagonal (XIIIe siècle). D’une trentaine de haut, il présente son éperon vers le côté exposé à une attaque. Il est enveloppé d’un mur en pans coupés haut de 18 m. Des planchers subdivisaient l’espace entre ce mur et le donjon en cinq étages. Les trois premiers niveaux sont percés de grandes archères, le quatrième de portes permettant d’accéder à des hourds (galerie de bois construite en surplomb destinée notamment à la défense de la base des murs).) et le dernier comprenait un chemin de ronde crénelé.
Plan de Ramstein
Plan du Ramstein par Th. Biller d’après B. Ebhardt.
1 & 7. Tour d’habitation de plan polygonal (1). Seules la face nord et une partie de la face est sont conservées. Ce bâtiment a manifestement été surhaussé, probablement vers le milieu du XIVe siècle. La façade nord a été renforcée par un placage (7) dans la seconde moitié du XIVe siècle.
2. Mur d’enceinte de la basse-cour percé d’archères (XIIIe siècle).
3. Portail d’entrée (XIIIe siècle). A partir du XVe siècle, il était précédé d’une nouvelle porte appartenant aux nouvelles fortifications qui comprennent les tours de flanquement (8-9).
4. Emplacement d’un bâtiment.
5-6. Avant-corps (5) construit au pied de la tour d’habitation. On y accédait par une rampe (6).
8-9. Tours de flanquement circulaires (XVe siècle). Celles du côté est (8) sont de plus grande taille que celles situées côté ouest (9).
10. Porte d’entrée (XVe siècle).
11. Support possible à un escalier permettant un accès direct à l’enceinte du XVe siècle sise au pied de la tour d’habitation.
Crédits : N. Mengus (textes) – Th. Biller d’après B. Ebhardt (plans, reconstitution).
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite