Sans que l’on sache précisément s’il s’agit ou non d’une construction ex-nihilo, le château de Lichtenberg est daté des premières années du 13ème siècle. Le château appartient aux sires de Lichtenberg, une famille vassale des évêques de Metz dont le nom est mentionné pour la première fois en 1206. D’importants travaux sont exécutés en 1286, à l’initiative de Conrad de Lichtenberg, évêque de Strasbourg (commanditaire de la construction de la façade occidentale de la cathédrale de Strasbourg).
Depuis leur fief des contreforts vosgiens, les Lichtenberg jouèrent un rôle important dans l’histoire alsacienne. La famille s’éteint en 1480. Le territoire fut partagé entre les comtes de Hanau et ceux de Deux-Ponts-Bitche, le château et la ville de Lichtenberg (statut obtenu en 1305) restant la copropriété des deux familles héritières.
A l’extinction de la branche des comtes de Deux-Ponts-Bitche, en 1570, le comte Philippe IV de Hanau-Lichtenberg réunit les possessions et décide la rénovation du château, confiée à l’architecte strasbourgeois Daniel Specklin. Celui-ci transforme le site en forteresse à vocation résidentielle. Les nouveaux ouvrages de défense (fossé, chemin couvert, bastion) protègent les bâtiments agrémentés de nombreux apports décoratifs (fenêtres en œil de bœuf, pilastres cannelés, frontons, volutes, cariatides).
Le 17ème siècle plonge la région dans une période troublée. La guerre de Trente Ans (1618-1648) épargne provisoirement le château situé au cœur des évènements. Les armées françaises s’emparent du site en octobre 1678, à l’issue d’un court siège mené par le Maréchal de Créqui sur ordre de Louvois. Le château est intégré à la ligne de défense du Royaume de France. Il devient lieu de garnison, modernisé et entretenu à ce titre pendant près de deux siècles par l’administration militaire.
Le 9 août 1870, la garnison française capitule devant les troupes wurtembergeoises. Un incendie provoqué par l’attaque détruit le château. Ce dernier est classé Monument Historique dès 1878.
Devenu lieu de promenade dominicale, les ruines accueillent en 1913 le premier spectacle en plein air, préfigurant une longue tradition théâtrale à Lichtenberg.
A la fin de la 2ème Guerre Mondiale, l’opération Nordwind a entrainé de nombreux combats dans la région. Les villageois se sont réfugiés dans le château pendant les bombardements.
Aujourd’hui, le château de Lichtenberg a intégré des formes contemporaines pour continuer son histoire et affirmer son identité culturelle. Riche de son histoire mouvementée, le site est aussi désormais un lieu d’expositions, de rencontres, d’expérimentation artistique, et de spectacles. Grâce à cette dynamique, le château de Lichtenberg est Centre d’Interprétation du Patrimoine sur la thématique « Patrimoine et création artistique » et est soutenu dans ses activités par le Conseil Général du Bas-Rhin.
Le château est propriété de la commune de Lichtenberg et est géré par la Communauté de Communes du Pays de La Petite Pierre.
La présence de l’architecture contemporaine sur le château peut surprendre. Elle est le résultat d’un concours d’architecture européen remporté en 1991 par Andrea Bruno et Jean-Pierre Laubal pour répondre aux nouveaux enjeux du château au 21ème siècle, et approuvé par la Commission Supérieure des Monuments Historiques. Le site n’est plus une résidence pour une famille tel qu’il l’a été au Moyen Age, ni une garnison pour des soldats tel qu’il l’était entre le 17ème et le 19ème, mais bel et bien un lieu culturel et touristique rayonnant sur le territoire. C’est en tenant compte de son passé que les architectes ont proposé leur projet. Par leurs choix d’utiliser des matériaux -verre, cuivre et bois- et techniques de construction actuelles, l’apport du 21ème siècle reste clairement identifiable par les visiteurs.
Cette réhabilitation, mêlant respect du patrimoine et création contemporaine, s’est déroulée en trois phases, mobilisant de nombreux acteurs autour du projet : collectivités, associations, Monuments Historiques, entreprises locales … Les visiteurs, petits et grands découvrent les vestiges du château tout en profitant des installations vouées à sa nouvelle vie (salles d’expositions, auditorium…). Une salle de répétition et des loges accueillent des artistes en travail et des compagnies de théâtre en résidence.
Le château est ouvert de mars à novembre. La visite du site est ponctuée de stations marquées par des boîtes à manipuler. Elles permettent de découvrir les multiples espaces réaménagés au gré des occupations. Les récits des habitants successifs : comtesse, soldat ou villageois réfugiés révèlent les secrets des lieux. Parcours trilingue français, anglais, allemand.
Château de Lichtenberg
67340 LICHTENBERG
infos@chateaudelichtenberg.com
Tél. 03 88 89 98 72
www.chateaudelichtenberg.com
1. Accueil/Corps de garde : bâtiment du XVIIIe siècle qui permettait le contrôle du passage.
2. Demi-lune : pourvue d’un fossé en pierres, assure la défense de l’entrée du XVIIIe siècle.
3. Pont dormant : relie la demi-lune au tunnel. Emplacement du pont-levis au Moyen Age.
4. Tunnel coudé : empêche les assaillants de voir et de tirer directement dans le château. Dans la voûte, un assommoir ovale et une cheminée d’aération (XVIe siècle).
5. Corps de garde pourvu de canonnières (XVIe siècle).
6. Le Pavillon des Dames : deux maisons des XVe et XVIe siècles. Façade ornée d’ouvertures en oeil de boeuf ainsi que de décorations (fronton, pilastres…) de style Renaissance.
7. Chapelle : fin du XVIe siècle, voûte d’ogives en étoiles, chevet polygonal et mausolée Renaissance dédié à Philippe V de Hanau-Lichtenberg et ses épouses.
8. Crypte : abritait les défunts de la famille des Hanau-Lichtenberg.
9. Rocher central : les deux tours médiévales sont reliées par un mur bouclier. Elles ont été arasées au XVIe siècle par Daniel Specklin pour installer une terrasse d’artillerie au sommet.
10. Citerne réservoir : un ingénieux système, encore visible au sol, permettait de récupérer l’eau de pluie. Margelle gothique et potence Renaissance.
11. Donjon : la base est matérialisée au sol. Imposante tour carrée, très haute, qui permettait de voir les ennemis et qui symbolisait la puissance du seigneur.
12. Terrasse d’artillerie : accessible par un escalier circulaire de 1840. Magnifique vue panoramique sur les Vosges du Nord.
13. Citerne : dont l’entrée est visible sous l’escalier.
14. Arsenal : construit par Daniel Specklin au XVIe siècle, pour abriter et entreposer les armes du seigneur. Les contreforts ont été rajoutés en 1749.
15. Levée de terre : collines artificielles pour amortir l’impact des obus.
16. Casemates : anciennes caves modifiées au fil des siècles. On y entreposait la nourriture et le vin, elles ont ensuite servi de lieu de stockage de la poudre à canons. Les deux petites salles du bastion sont pourvues d’ouvertures de tir.
17. Le bastion pentagonal munis d’ouvertures de tir assure la défense de la courtine.
18. Tour de l’Horloge autrefois coiffée d’une toiture à bulbe (XVe siècle).
19. Bâtiment d’origine médiévale ayant servi plus tard de caserne, donnant sur la cour castrale par une rangée d’arcades construites en 1821.
Les extérieurs
20. Chemin « couvert » car protégé par les tirs provenant du chemin de ronde en haut des remparts.
21. Places d’armes polygonales permettant le tir d’armes à feu de petit calibre et empêchant l’escalade de la colline par les ennemis.
22. Le fossé a toujours été sec, surcreusé et élargi à plusieurs reprises.
23. Escarpe et contre-escarpe : parois verticales entourant le fossé, protégées des intempéries par un parement en pierre.
24. Escarpe et contre-escarpe : parois verticales entourant le fossé, protégées des intempéries par un parement en pierre.
25. Le glacis, pente raide à l’avant du chemin couvert, était dégagé de toute végétation pour surveiller les attaques d’ennemis.
Pour aller plus loin :
Jean-Michel Rudrauf et Jacky Koch « Lichtenberg, du château fort des sires de Lichtenberg à la forteresse royale : sept siècles d’architecture militaire ». Publication du Centre de Recherches Archéologiques Médiévales de Saverne (CRAMS), 1997.
Vendu à la boutique du château.