Surveillant la vallée de la Bruche, Girbaden est le plus grand château d’Alsace. Il est cité pour la première fois en 1137. C’est alors une possession des comtes de Dabo-Eguisheim, une des familles comtales les plus puissantes de la région .Il est détruit en 1162 par Frédéric 1er Barberousse pour libérer des prisonniers qui y étaient retenus par le comte Hugues. Lorsque le dernier comte de Dabo décède en 1211, le château passe par mariage au duc de Lorraine. En 1218, Mathieu, duc de Lorraine, lance une attaque depuis le Girbaden contre la ville impériale de Rosheim. Son échec le contraint à céder une partie du château à l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen. C’est probablement lui qui fait construire le nouveau château ouest (qui englobe la chapelle Saint-Valentin) et sans doute le palais du « vieux château » est. En 1226, le roi Henri, fils de Frédéric II, renonce à ses droits sur Girbaden au profit de l’évêché de Strasbourg. En 1239, l’évêque en devient l’unique possesseur et en confie la garde à des vassaux. Au début du XIVe siècle, l’évêque fait renforcer les défenses extérieures. En 1375, les sires de Hohenstein reçoivent Girbaden en gage, avec l’autorisation d’utiliser les pierres du « nouveau château » pour restaurer le «vieux châteaux» ; le « nouveau château » était donc déjà à l’abandon à cette date. En 1471, Jacques de Hohenstein, alors conseiller du duc de Lorraine, cède en gage à ce dernier une part du château. L’évêché et de la ville de Strasbourg s’y opposent et assiègent et Girbaden en 1473. En 1475, Antoine de Hohenstein souhaite vendre le château au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. En réaction, la forteresse lui est confisquée et confiée successivement aux Landsberg, puis, en 1477, aux Rathsamhausen qui le conservent jusqu’à la fin du XVIIe siècle. En 1633, lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648), une garnison épiscopale est assiégée par les Suédois. Rendu inhabitable par un incendie qui aurait été allumé par les défenseurs eux-mêmes, le château est définitivement démantelé après la Guerre de Trente ans par les Français .
Restitution du Girbaden vers 1226 par Th. Biller.
Vue idéale du Girbaden, sans tenir compte des phases chronologiques. Dessin N. Mengus
Plan extrait de W. Hotz, «Handbuch der Kunstdenkmäler im Elsass und in Lothringen».
«Vieux château»
1. Fossé est. L’accès à la porte se faisait par un pont-levis (fin du XVe siècle).
2. Système d’entrée composé de plusieurs portes, flanqué d’ouvrages rectangulaires équipés de couleuvrinières (ouvertures de tir pour armes à feu appelées couleuvrines). L’enceinte au pied du rocher date de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle. L’enceinte extérieure date de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle.
3. Porte d’entrée principale du château roman équipée, au XIVe ou au XVe siècle, d’une herse extérieure.
4. Grande cour intérieure bordée de bâtiments divers et du palais. Dans le logis sud (XVe siècle) se trouve une citerne à filtration. Au nord, une tour de flanquement (début XIIIe siècle) s’appuie sur le mur d’enceinte du XIIe siècle.
5. Bâtiment d’apparat/palais (début XIIIe siècle) ayant beaucoup souffert des dégradations naturelles et humaines (vandalisme, vols de pierres sculptées). Côté cour, une galerie à deux niveaux s’y adossait. Des caves occupaient le niveau inférieur et une vaste salle (11,30 x 3,50m) se trouvait à l’étage, éclairée par des baies de style roman. Côté nord, au niveau du rez-de-chaussée, deux couloirs menaient à des latrines (un siège percé est encore visible) ; cette façade, ainsi qu’une partie de la façade ouest, remontent au château primitif du XIIe siècle. A l’extérieur de ce palais, directement accolée à sa façade sud, une porte donne sur le fossé. Elle date du début du XIIIe siècle et permettait d’accéder directement à la chapelle Saint-Valentin par un pont enjambant le fossé.
6. Mur de séparation (début du XIIIe siècle). Au sud de la porte, au pied du mur, se trouve une citerne à filtration.
7. Noyau défensif du XIIe siècle. Sa porte d’entrée est conservée. Dans un angle, le donjon carré est une adjonction du milieu du XIIIe siècle. Cet espace était équipé d’une citerne à filtration.
8. Fossé ouest. Un bassin y est aménagé.
«Nouveau château»
9. Fossé nord.
10. Emplacement de l’entrée. Elle était défendue par une tour carrée qui se trouvait côté est.
11. Poterne défendue par une tour de flanquement semi-circulaire (vers 1220).
12. Emplacements de bâtiments matérialisés par des lignes de corbeaux (consoles de pierre supportant les poutres d’un plancher ou d’une toiture) visibles sur le parement intérieur et des écoulements d’eau et de latrines. Il s’agit des logis des chevaliers attachés à la garde du château.
13. Chapelle romane Saint-Valentin (XIIe siècle). Elle est citée en 1192 comme possession de l’abbaye d’Altorf, près de Molsheim.
14. Donjon dit «Tour de la Faim» (Hungerturm) construit vers 1220. Il occupe le centre d’un réduit qui l’isole de la vaste cour centrale.
Crédits : N. Mengus (textes, reconstitution générale) – Th. Biller (reconstitution vers 1226) – W. Hotz, «Handbuch der Kunstdenkmäler im Elsass und in Lothringen» (plan).
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite