A l’ouest de Saverne, à 370 mètres d’altitude, une crête rocheuse est occupée par le château de Greifenstein qui domine la vallée de la Zorn. Son existence est déduite du nom porté par un certain Merboto de Greifenstein cité entre 1141 et 1156/1157. Probablement décédé sans héritiers, le château passe, avant 1217, à une branche de la famille des Ochsenstein qui en adopte le nom. Un nouveau châteaule Petit-Greifenstein est construit, entre 1240 et 1328, à l’extrémité est de la crête. Aux XIVe- XVe siècles, les Greifenstein ne sont plus les seuls possesseurs des châteaux – on compte comme de nombreux autres châteaux plusieurs copossesseurs. Parmi eux l’évêché de Strasbourg, les Munch de Wilsperg, les Lutzelbourg, les comtes de Saarwerden ou encore les Fénétrange et les Hohenbourg. Les Greifenstein s’éteignent probablement avant 1453.
A la fin du Moyen Age, avec l’essor des armes à feu et des pièces d’artillerie, il fait l’objet de travaux de modernisation. Au XVIe siècle, l’évêché de Strasbourg, rachète progressivement les parts des différents copossesseurs. Il devient le seul possesseur des deux Greifenstein ; les Linange continuent de posséder une part du Grand-Greifenstein jusqu’aux environs de 1541. En 1670, les pierres à bosse du donjon du Grand-Greifenstein sont utilisées pour la construction du palais épiscopal de Saverne. Mais Turenne, qui voit dans cette forteresse un potentiel militaire certain, envisage de la remettre en état de défense. Le projet est finalement abandonné et, en 1675, ordre est donné de démanteler les deux châteaux afin de les rendre inaptes à servir comme ouvrages fortifiés.
Evocation du Greifenstein au XVIe siècle par Nicolas Mengus
Plan N. et S. Mengus, d’après J.-M. Rudrauf
1. Chemin creux en pente vers le nord, en direction de la basse-cour du Grand-Greifenstein. Des encoches pour poutres montrent que ce passage pouvait être barricadé. A son extrémité sud-ouest, il est prolongé par un tronçon de voie à ornières.
2. Profond fossé séparant le château du reste de la montagne.
3. Donjon carré (XIIe siècle). Avec ses 13 mètres de côté, c’est le plus grand donjon roman d’Alsace. Son grand appareil en pierres à bosse, caractéristique de l’époque romane, est partiellement conservé. Le donjon a fait l’objet de restauration, probablement au XIXe siècle. Seul le blocage (remplissage constitué, entre deux parements, de pierres non équarries et de mortier) est encore visible sur la partie haute. L’accès se faisait du côté sud, au premier étage de la tour. Au même niveau se trouve une superbe latrine, aménagée dans l’épaisseur du mur ouest ; elle a été bêtement vandalisée, à plusieurs reprises, à la fin du XXe siècle.
4. Mur-bouclier de 2,50 mètres d’épaisseur (XIIe siècle). La porte d’entrée (XIIe siècle) y est aménagée ; on y accédait peut-être par une rampe construite le long du rocher. Un pont pouvait aussi permettre de franchir le fossé qui devait alors être moins large et moins profond ; il a peut-être été agrandi au moment où la porte a été transformée, probablement au XVe siècle, en bouche à feu, comme en témoignent les vestiges d’une casemate en chicane.
5. Basse-cour. A son extrémité ouest subsistent les vestiges d’une tour carrée aux dimensions intérieures réduites (2,10 x 2,20 mètres). Elle abritait certainement un point d’eau (puits ou citerne).
6. Cour haute. On y accédait par une porte taillée dans le rocher depuis la basse-cour. Le mur d’enceinte sud (XIIIe-XIVe siècle) est percé de couleuvrinières.
7. Tour médiane. Elle a probablement été élevée lors de la construction du Petit-Greifenstein auquel elle fait face, c’est-à-dire entre 1240 et 1328. Son accès primitif se trouve à 4 mètres du sol. Son espace intérieur, très réduit, ne laisse la place qu’à un escalier. Au pied du mur transversal, qui coupe la barre rocheuse au niveau de la tour médiane, subsiste une «fosse», vestige d’une citerne.
8. Donjon (1240-1328). Son accès se trouve côté est, au premier étage. Son appareil à bossage est caractéristique de la deuxième moitié du XIIIe siècle. Un bâtiment s’appuyait sur la face nord, au-dessus de l’entrée actuelle. Cette «porte», percée dans un mur-bouclier, était soit une archère à niche, soit une poterne permettant aux habitants du Petit-Greifenstein d’aller puiser de l’eau dans la citerne toute proche (un acte de 1397 les y autorisait).
9. Logis seigneurial. L’accès principal se trouve du côté est, à environ 6 mètres au-dessus du sol de la basse-cour. De cette porte, un escalier taillé dans le roc menait à la plate-forme du logis.
10. Façade sud du logis avec emplacement des latrines.
11. Vestige du portail d’entrée (XVe-XVIe siècles) autrefois équipé d’un pont-levis. Il s’adosse à une enceinte orientée est-ouest et autrefois équipée d’une tour de flanquement. A son extrémité ouest, un puissant mur se raccordait au rocher, au niveau de la limite entre les deux châteaux.
12. Basse-cour (XVe-XVIe siècles). C’est de cette cour que l’on accédait au haut-château par une porte située en hauteur. La partie est de la basse-cour était occupée par un bâtiment. Une autre porte d’accès à la basse-cour se trouvait du côté sud.
Texte: N. Mengus. – Iconographie : N. Mengus (reconstitution) – N. et S. Mengus (plan, d’après J.-M. Rudrauf)
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite