Le château de Thann, plus connu de nos jours sous le nom d’Engelbourg, occupe le sommet du Schlossberg à 443 mètres d’altitude, dominant la ville de 100 mètres. Sa construction par les comtes de Ferrette se place avant 1234. Il s’agit pour eux d’imposer un péage sur l’importante route qui mène au col de Bussang vers la Lorraine. A cette date est alors question d’un vieux et d’un nouveau château de Thann, ce qui a fait chercher un premier château des sires de Ferrette à Vieux-Thann (parfois localisé par erreur sur le rocher dit Drachenfels) ; il se pourrait que l’on ait cherché à distinguer deux parties de l’Engelbourg, l’une étant nouvellement construite (probablement désignée par «novum suburbium de Thanne» en 1225). En fortifiant la ville en 1290, les Ferrette assurent leur mainmise sur l’entrée de la vallée.
En 1324, Thann et son château entrent dans les possessions autrichiennes (Habsbourg) par le mariage de Jeanne de Ferrette avec Albert II le Sage. Le château, modernisé aux XIIIe-XIVe siècles, tombe aux mains de Charles le Téméraire lorsque les Bourguignons tentent de se constituer un domaine à l‘ouest du Rhin afin de relier leur duché de Bourgogne à leurs possessions en Flandres. Les Bourguignons rédigent, en 1471/1473, un rapport sur l’état de la place soulignant qu’il a mal été entretenu: les toitures de tuiles ou de bardeaux sont en mauvais état et les remparts sont dépourvus de pièces d’artillerie. Entre 1557 et 1672, le site fait l’objet de travaux ; il échut, en mauvais état, au cardinal Mazarin en 1658. Mais, en 1673, alors que le Traité de Westphalie (1648) avait repoussé la frontière des Vosges jusqu’au Rhin, Louis XIV en ordonne le démantèlement, l’Engelbourg n’ayant plus d’intérêt stratégique. Lors de la destruction du donjon circulaire par les mineurs mandatés par l’intendant Poncet de La Rivière, celui-ci se brise en plusieurs tronçons. L’un d’eux, coincé au sommet du rocher, est surnommé « l’œil de la sorcière » et fait la célébrité de la ruine.
En 2013, une association des amis de l’Engelbourg s’est créée. Elle a vocation à assurer la préservation et l’animation du site.
www.engelbourg-thann.fr
Reconstitution du château fort d’engelbourg par Katia Karli
Plan par M. Ehretsmann
1. Haut-château (avant 1234). Il se constitue du donjon circulaire et d’une enceinte de plan rectangulaire flanquée, au nord, d’une tour semi-circulaire massive. Son accès se trouvait vraisemblablement dans l’angle sud-est de l’enceinte. Il n’est pas à exclure que cette partie soit le château du XIIe siècle.
2. Cour haute (fin XIIIe siècle).
3. Emplacement des caves du logis seigneurial (fin XIIIe siècle).
4. Donjon circulaire (avant 1234). Son diamètre est de 7,50 mètres et l’épaisseur de ses murs est de 2,50 mètres.
5. Puits. Cité en 1577, il est approfondi en 1621 pour augmenter son débit, surtout en été, mais les travaux sont interrompus.
6. Bastion d’artillerie (XVe-XVIe siècles) s’appuyant sur l’enceinte de la fin du XIIIe siècle.
7. Emplacement d’un important logis seigneurial (fin XIIIe siècle). C’est très certainement ce logis qui est appelé « maison du duc » en 1473.
8. Bastion d’artillerie (XVe-XVIe siècles).
9. Vestige d’un mur en pierres à bosse (avant 1234). Il peut aussi bien correspondre à l’angle d’un mur d’enceinte qu’à celui d’un bâtiment.
10. Tour de flanquement du logis seigneurial (fin XIIIe siècle). Il est possible qu’elle abritait une chapelle au XVIIe siècle. Au sud-est, une tour de flanquement semi-circulaire défendait une porte, équipée d’un pont-levis, qui barrait l’accès au reste du château.
11. Mur d’enceinte extérieur (fin XIIIe siècle). L’angle sud-est est moderne.
12. Entrée (fin XIIIe siècle).
13. Enceinte avec tours de flanquement semi-circulaires (XVe –XVIe siècles).
14. Emplacement de l’accès à la cour haute (fin XIIIe siècle). A droite en entrant se trouvait l’extrémité d’une longue et étroite aile du logis seigneurial. Là pouvait se trouver la chapelle Sainte-Catherine citée en 1304.
15. Cour (fin XIIIe siècle).
Crédits : N. Mengus (textes) – M. Ehretsmann (plan) – Katia Karli (dessin)
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite