Le Hugstein occupe un éperon rocheux à 390 mètres d’altitude à l’entrée de la vallée de Murbach, entre Buhl et Guebwiller. Il est construit vers 1230 par Hugues, abbé de Murbach (1216 -1236/1238), qui donne son nom au château. Le prélat alsacien a été fait prince du Saint-Empire romain germanique par Frédéric II de Hohenstaufen en 1228 pour avoir accompagné l’empereur souabe en Terre Sainte.
Une chapelle y est consacrée en 1313, mais une première chapelle devait exister dès l’origine puisque Hugstein est la résidence des abbés de Murbach.l a date de 1313 pourrait donc correspondre à une reconstruction du logis, en saillie par rapport à l’enceinte du haut-château, et à la consécration de la nouvelle chapelle. D’importants travaux de modernisation sont entrepris par l’abbé Barthélemy d’Andlau au XVe siècle : la défense est notamment augmentée par la construction de deux tours.
Selon la chronique du vigneron guebwillerois Jean Stoltz, rédigée entre 1520 et 1540, l’abbé Barthélemy d’Andlau y serait mort, étranglé par un chat noir. Son cercueil, lors de son transport vers l’abbaye de Murbach, était particulièrement lourd et nécessita un attelage tiré par quatre puissants chevaux. Arrivé à l’abbaye, on découvrit que le cercueil était vide ! Cet écrit, reflet de l’animosité que Guebwiller portait à l’abbé, fait de Barthélemy d’Andlau un mort-vivant. Curieusement, la bibliothèque de Murbach possédait, à la même époque, un récit des exploits de Vlad IV, dit l’Empaleur, personnage historique qui inspira à Bram Stocker son Dracula (1897). Le château est endommagé en 1542, lors d’une guerre de succession à la tête de l’abbaye, puis par la foudre en 1598. Il est abandonné à la suite de cela par l’abbé qui demeure dorénavant au château dit Neuenburg construit à Guebwiller par l’abbé Conrad Wernher Murnhard en 1338. Au XVIIe siècle, Hugstein sert de prison pour les hérétiques et les sorcières. Il est abandonné au cours du XVIIe siècle, mais ses ruines auraient encore servi d’abri pour les pauvres des environs au XVIIIe siècle. Il a servi aussi de carrière de pierres, comme beaucoup de châteaux forts en ruine, avant de bénéficier d’un classement au titre des monuments historiques le 6 décembre 1898. Depuis mai 2006, une association «Pro Hugstein» a entrepris de le mettre en valeur en préservant son environnement, en sécurisant et en consolidant la ruine afin d’en faire un lieu d’animation culturelle et conviviale dans le cadre du «Pays d’art et d’histoire de Guebwiller et sa région».
Reconstitution par C. Carmona.
Plan du Hugstein.
A. Haut-château (XIIIe siècle). Il se présente comme une enceinte rectangulaire (25 x 15 mètres) qui a la particularité d’avoir des angles arrondis. A l’intérieur, une cour où le donjon et le logis seigneurial se font face. L’accès à la cour devait se trouver au niveau de la brèche visible dans l’angle nord-ouest. Un logis devait aussi occuper le côté sud. En contrebas, au nord et à l’est, se trouvent les vestiges de la basse-cour du XVe siècle, bien qu’un petit tronçon puisse appartenir à la basse-cour originelle. Au nord-est, une rampe taillée dans le roc montait, depuis une possible plate-forme d’artillerie dominant la plaine, jusqu’ à une porte qui menait au pied du haut-château.
B. Donjon (XIIIe siècle). De plan circulaire, il présente l’originalité d’avoir un espace intérieur carré décentré, l’arrondi vers l’extérieur étant ainsi plus large. Son ancien parement en pierres à bosse en grès ne subsiste qu’à l’état de vestiges. Il fait encore 10 mètres de haut.
C. Logis (XIIIe ou XIVe siècle, 1313). La chapelle devait s’y trouver.
D. Tour d’entrée (XVe siècle). A l’origine, l’accès se faisait par une porte cochère, toujours visible, et une porte piétonne qui, en 1862, est transformée en « archère » lors de travaux de restauration ; l’encadrement de la porte cochère indique l’existence d’un pont-levis. Le passage vers la basse-cour était autrefois voûté. Au-delà du fossé, vers l’est, se trouvait certainement une autre porte où arrivait l‘ancien chemin qui reliait le château à Guebwiller.
Crédits : N. Mengus (texte) – C. Carmona (reconstitution) – Inventaire Général (plan).
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite