Parmi les quatre ruines qui dominent Ribeauvillé, le Saint Ulrich apparaît sans conteste comme l’un des ensembles castraux les plus passionnants de Haute-
Alsace. Il contrôlait autrefois la route stratégique reliant la plaine d’Alsace à la haute vallée de Lièpvre. Témoin de la puissance des sires de Ribeaupierre, il fut leur demeure principale jusqu’à son abandon final au XVIe s. Il est donc doté de différents styles architecturaux : à des parties romanes sont adjointes des éléments gothiques, voire Renaissance.
Non loin de là, le château du Girsberg a été édifié au XIIIe s., afin d’y loger une nouvelle branche de la famille des Ribeaupierre : le logis y est encore bien visible.
Le Haut-Ribeaupierre fut certainement édifié pendant la période troublée du Grand Interrègne, vers le milieu du XIIIe s. à l’emplacement d’un premier château probablement du Xe s.: il servira de poste avancé lors des projets d’invasion de l’Alsace par le Roi de France, puis de tour de guet destinée à prévenir les incendies de forêts. L’ensemble de l’édifice est dominé par un imposant donjon circulaire qui offre une vue magnifique sur la plaine d’Alsace ainsi que sur les crêtes avoisinantes. Un quatrième château a été récemment découvert en contre-bas du Saint Ulrich.
La ville de Ribeauvillé, entourée de remparts au Moyen Age, est dominée par les ruines de trois châteaux : le Haut-Ribeaubierre, le Girsberg-Stein et le Saint-Ulrich. Ils sont d’ailleurs mentionnés dans un dicton vieux de plus de trois siècles : «Trois châteaux sur une montagne (Ribeauvillé) / Trois églises dans un enclos (Riquewihr) / Trois villes dans une vallée (Ammerschwihr, Kaysersberg, Kientzheim) / C’est là toute l’Alsace».
En 1084 est mentionné un « castrum Rapoldestein » qui pourrait désigner le site castral qui se trouve à environ 200 mètres en contrebas du Saint-Ulrich et qui semble avoir été occupé aux XIe-XIIe siècle. Les plus anciens vestiges du Saint-Ulrich datent de la première moitié du XIIe siècle. Le château fait l’objet d’une reconstruction totale vers 1200 par les Ribeaupierre, une des plus puissantes familles de la noblesse alsacienne. Ils entreprennent d’importants travaux au XVe et au XVIe siècle avec la construction, entre autres, de la basse-cour sud et, pour renforcer les défenses de l’accès, d’une porte à pont-levis et d’une barbacane. En 1288, le siège mené par Rodolphe de Habsbourg ne lui permet pas de s’emparer du château. Malgré l’abandon progressif de la place à la fin du Moyen Age, des messes ont toujours lieu dans la chapelle castrale dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Le Saint-Ulrich vers le milieu du XIIe siècle. Dessin de Th. Biller.
Reconstitution par C. Carmona
Plan de G. Meyer.
>A. Donjon primitif (vers 1200 – base de la tour vers 1150). Son accès se trouve au second étage de la façade est. Au même étage se trouve une porte qui menait à des latrines aménagées en surplomb sur la face ouest.
B. Logis primitif (vers 1150, reconstruit vers 1200).
C. Tour d’habitation (vers 1200). Elle est remaniée au XIVe siècle.
D. Bâtiment d’apparat (vers 1200). Son appellation « Salle des Chevaliers » lui vient de la magnifique série de fenêtres géminées à banquettes qui éclairaient le premier étage. Le deuxième étage possédait également de belles fenêtres gothiques aujourd’hui disparues.
E. Barbacane ouvrage placé à l’avant d’une porte pour en faciliter la défense.¨ (XVe-XVIe siècles,
F. Fossé.
G. Chemin d’accès (XVe-XVIe siècles).
H. Emplacement des hourds (galerie extérieure en bois) sur le logis roman.
I. Porte d’entrée équipée d’un pont-levis (XVe-XVIe siècles).
J. Cheminée d’angle du logis (vers 1150).
K. Latrines du donjon.
L. Citerne.
M. Bouche à feu double (XVe-XVIe siècles).
N. Chapelle Saint-Ulrich (vers 1200). C’est au cours du XVe siècle qu’elle donne son nom au château. Eclairée par des fenêtres géminées, elle conserve son autel.
O. Emplacement des cuisines.
P. Mur-bouclier de la tour d’habitation (vers 1200).
Q. Chemin de ronde (vers 1200).
R. Meule découverte dans la basse-cour dont l’enceinte date du XVe siècle.
S. Poternes.
T. Emplacement des dépendances de la basse-cour.
Crédits : N. Mengus (textes) – G. Meyer (plan) – Th. Biller (restitution).
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite