Les châteaux du Nideck dominent la falaise du cirque du Nideck et l’impressionnante cascade qui en jaillit. Le château du haut (appelé aussi Haut- ou Grand-Nideck) est érigé vers 1200, celui du bas (appelé aussi Bas-Nideck) l’est vers le milieu du XIIIe siècle, ce qui correspondrait à la première mention du Nideck en 1262.
En 1393, Haut-Nideck fait l’objet d’une paix castrale (règlement de copropriété) par ses copossesseurs qui, en 1422, sert de modèle à celle conclue par les châtelains de Bas-Nideck («unser gemeine vesten zu Nidern Nidecke» « notre forteresse commune de Bas-Nideck») En 1441, un acte de Nicolas Dutschmann, copossesseur du Haut-Nideck, mentionne la nouvelle maison bâtie par le défunt Jean Adolf dans la partie supérieure du château sur le rocher («das nuwe husz gelegen obnan in der vesten uff dem fels…») et «l’écurie sise dans la partie inférieure du château que l’on surnomme le Royaume des Cieux» («eine stall gelegen nidenan in der vesten den man sprichet das hymelreich» «la nouvelle maison construite en haut dans le château sur le rocher»). L’histoire du château est marquée par les combats du chevalier André Wirich, issu de la noblesse strasbourgeoise. Il, tient, à partir de 1447, une part du château supérieur en fief de l’évêque de Strasbourg. L’année suivante, ayant combattu la ville de Strasbourg aux côtés de l’évêque son suzerain et de Jean de Fénétrange, il est contraint de se réfugier au Nideck. Les Strasbourgeois l’y assiègent et le contraignent à capituler. Wirich s’engage alors à ne plus soutenir les ennemis de la ville et à ne plus ouvrir son château au sire de Fénétrange et à ses alliés. En 1450, Wirich s’engage aux côtés de Georges d’Ochsenstein contre Jacques et Louis de Lichtenberg. C’est à nouveau un mauvais choix qui lui vaut d’être assiégé par les Lichtenberg dans Grand-Nideck («das slosz gross Nidecke») en 1454. Ce serait l’épouse de Wirich, alors enceinte, qui aurait sauvé la vie de son mari en se jetant, en larmes, aux pieds du vainqueur. Est-ce à un de ces sièges qu’il faut rattacher l’enceinte sur le proche Schieferberg, depuis laquelle les Nideck se présentent sur toute leur longueur ? Nideck est probablement délaissé dans la seconde moitié du XVe siècle – on n’en entend plus parler après 1508.
Essai de restitution des châteaux au XIIIe siècle. Croquis de N. Mengus
1. Pierriers (amas de pierres provenant de l’éboulement d’un mur ou d’un muret.) pouvant se rattacher aux sièges du XVe siècle.
2. Profond fossé réutilisant une faille naturelle.
3. Mur-bouclier (ou donjon?) en pierres à bosse (vers 1200) faisant face à l’attaque ; il a été renforcé par la suite par un placage. Son actuel sommet est accessible – avec prudence – par un escalier moderne.
4. Mur d’enceinte ouest percé de deux fentes d’éclairage (vers 1200 ou plus tardivement au cours du XIIIe siècle ?). Il correspond probablement à un niveau de caves d’un logis.
5. Basse-cour (XIIIe siècle). Son accès devait se situer du côté est. La structure circulaire au pied du rocher principal date de l’aménagement de l’accès au XIXe-XXe siècles.
6. Extension de la basse-cour, flanquée d’une tour semi-circulaire dont il ne reste que la base (probablement au XVe siècle). Celle-ci protégeait peut-être l’ancien portail d’entrée.
7. Fossé séparant les deux châteaux.
8. Donjon carré (XIIIe siècle, probablement vers 1262). L’accès actuel est un percement du XIXe siècle. Il est surmonté d’une plaque rappelant la légende des géants de Nideck d’Adalbert von Chamisso. L’entrée originelle, côté sud, était accessible par une galerie depuis le logis attenant. Une autre porte donnait accès à des latrines. Au quatrième étage – qui correspond à une surélévation de la tour (au XIIIe siècle ?) –, une porte donnait sur des hourds (galerie extérieure en bois) faisant face au château supérieur.
9. Logis (XIIIe siècle, probablement vers 1262) dont il ne subsiste en élévation que la façade ouest. La partie sud de cette façade (datant peut-être encore du XIIIe siècle) et les autres murs ont été élevés au cours du Moyen Age et correspondent à des agrandissements successifs du logis.
Crédits : N. Mengus, Texte et plan
La visite de ce château s’effectue sous votre entière responsabilité. Les ruines sont fragiles, faites attention où vous marchez. Pour permettre à tous d’en profiter et garantir votre sécurité, merci de ne pas escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres, ne pas vous approcher du vide et bien surveiller vos enfants… Bonne visite